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Paris, féministe engagée, elle crée la revue "Le problème sexuel"

En tant que femme de banquier de la City, l’anti conformisme de Berty et son engagement féministe finissent par déranger son mari qui aspire à ce qu’elle se cantonne au rôle d’épouse lié à son rang. Par respect mutuel ils décident de se séparer, et Berty s’installe à Paris en 1932 avec ses enfants. Là elle se consacre aux droits de l’homme, et se lie d'amitié avec Victor Basch, président de la Ligue des droits de l'homme. Elle s’intéresse aux idéaux communistes, et reçoit dans son salon Léon Blum, Maurice Thorez, Marcel Cachin, mais bien trop indépendante, elle n’adhère pas au parti. Son militantisme va grandissant pour la cause des femmes, pour lesquelles elle défend la liberté de contraception et d'avortement.  En 1933, elle crée une revue féministe, totalement révolutionnaire pour l’époque, « Le problème sexuel ». Cette revue, à laquelle ont travaillé aussi les médecins Jean Dalsace et Georges Heuyer, est parue jusqu’en 1935.


Dès 1933, elle s'oppose au Nazisme

Elle est très lucide sur la réalité du nazisme et fonde en 1934 un centre d’accueil pour les réfugiés allemands fuyant le nazisme (juifs et opposants politiques) afin de leur procurer argent, logement et travail. Elle fera de même pour les Espagnols républicains réfugiés de la guerre civile exilés en France. Elle y rencontre dès 1934 Henri Frenay et participera par la suite à toutes ses initiatives pour la Résistance.


La Résistance, Henri Frenay et le mouvement COMBAT

A l’entrée des Allemands dans Paris en mai 1940, sa vie bascule. Elle abandonne Paris pour défendre " l'idéal de la liberté ", vend tout ce qui lui reste, et entraîne sa fille Mireille, à travers la France, au gré de son parcours de résistante.
En juin 1940, elle entre comme surintendante aux usines Fulmen à Vierzon et profite de cette situation, dès l’été 1940, pour faire passer la ligne de démarcation à des prisonniers évadés.
Dès l’automne 1940, elle refuse la défaite et ne peut que se rendre en zone libre rejoindre son ami Henri Frenay,évadé d’Allemagne, car elle est persuadée qu’il faut agir sans attendre. Frenay, de douze ans plus jeune que Berty, est l’amour de sa vie. La détermination de l’un, frottée à la conviction passionnée de l’autre, créeront les étincelles qui donneront Combat, le plus important mouvement de la Résistance, fondé en 1942.


Lyon, arrestation par la police de Vichy et grêve de la faim

En mai 1941 elle emménage à Lyon, étant chargée de mission par le Ministère de la Production Industrielle et du Travail pour l’ensemble des problèmes du chômage féminin dans le Lyonnais. Berty fait ouvrir des ateliers pour les chômeuses.

Poursuivant sa lutte contre les Allemands nazis, elle établit de précieuses liaisons entre les deux zones au profit du mouvement. Les bureaux de Villeurbanne deviennent rapidement ceux du mouvement et Berty s’efforce aussi de mettre en place un service social clandestin de Combat pour venir en aide aux camarades du mouvement emprisonnés et à leurs familles.

Les allées et venues dans les bureaux du Commissariat au Chômage attirent l’attention de la Police qui arrête Berty une première fois en janvier 1942. Relâchée au bout de trois jours, elle est rapidement contrainte à démissionner de son poste de chargée de mission du Ministère.

Arrêtée à son domicile fin avril 1942 par la police de Vichy, elle est internée administrativement  et arbitrairement en mai 1942 à Vals-les-Bains, en Ardèche, avec une partie de l’état-major du mouvement à la suite d’un coup de filet. Elle n’a droit ni à un avocat, ni à un procès. Elle exige d’être jugée. Devant le refus des autorités, elle fait une grève de la faim pendant deux semaines. Elle obtient alors gain de cause et est transférée à la prison Saint-Joseph de Lyon. Jugée au bout de six mois de prison, elle est condamnée par le gouvernement de Vichy au camp d’internement.

Elle simule la folie et s'évade

L’invasion par les Allemands de la zone sud, le 11 novembre 1942, risque de compliquer un peu plus encore l’avenir des prisonniers politiques et résistants. Berty décide alors de simuler des crises de folie pour faciliter ses chances d’évasion. Elle est d’ailleurs internée à l’asile psychiatrique du Vinatier à Bron le 28 novembre. Elle réussira à s’en évader le 23 décembre 1942 avec le coup de main d’un commando des Groupes Francs du mouvement Combat, et grâce à l’aide de sa fille Mireille et de son médecin traitant au Vinatier qui avait vite compris qu’elle n’était pas folle !

Recherchée par toutes les polices françaises et allemandes, refusant de passer en Angleterre, elle se réfugie dans les Cévennes, à Durfort, puis se cache durant deux mois dans la région de Toulouse, reprend immédiatement la lutte ainsi que ses activités clandestines et, au début de février 1943, rejoint Henri Frenay à Cluny, en Saône-et-Loire, au nord de Lyon.

Arrétée par la Gestapo, torturée, elle ne parle pas et se donne la mort

Le rendez-vous de Mâcon le 28 mai 1943 est un piège. Elle est arrêtée par la Gestapo qui s’est invitée au faux rendez-vous de l’hôtel de Bourgogne. Elle est incarcérée et torturée pendant deux jours à la prison du Fort Monluc à Lyon. Elle ne parle pas. Entre temps, Pierre de Bénouville fait passer sa fille Mireille en Suisse - afin d’éviter qu’elle ne soit arrêtée et torturée devant sa mère pour la faire parler. Berty est transférée à la prison de Fresnes, près de Paris, le 31 mai à 0h15, dans un état déplorable, et sait que cette fois, elle ne s’en sortira pas. Placée par erreur dans une cellule du quartier des droits communs, échappant ainsi à la surveillance réservée aux « politiques», Berty arrive à se donner la mort par pendaison dans la nuit « avec un foulard accroché à la lumière » (d’après les termes succincts du rapport d’archives découvert par ma mère en 2004 après de longues années de recherches).

Le 31 mai 1943, les Allemands font connaître à la Préfecture de Mâcon et à l’ambassade des Pays-Bas à Londres le décès de Berty Albrecht sans indications sur ses causes. En mai 1945, son corps est retrouvé dans le jardin potager de la prison de Fresnes.

Berty est maintenant inhumée dans la crypte du mémorial du Mont Valérien à Suresnes, à l’ouest de Paris, lieu où de nombreux résistants furent exécutés.


Berty, pionnière de l’émancipation des femmes est morte trop tôt pour constater que sur les 1038 combattants nommés « Compagnons de la Libération » par le Général de Gaulle, il n’avait honoré que six femmes ! Berty fait partie de ces six femmes…

 

Berthy Albrecht - Un air de famille !

 

 

 

 

 

L’Eurostar Paris-Londres, décoré spécialement pour le 70ème anniversaire du 18 juin qui fut célébré à Londres, arborait les portraits (de gauche à droite) de Félix Eboué,  Charles de Gaulle , Berty Albrecht,Jean Moulin ‎, le  Général Leclerc .
 

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