CHILINA HILLS
COMMUNICATION AUTHENTIQUE
Berty Albrecht : ma grand-mère
Si vous lisez ceci c'est probablement que cet onglet vous a intrigué "Mais que vient faire Berty Albrecht dans ce site ? ... "
Elle y a toute sa place, ne serait-ce que par sa personnalité rayonnante - mais surtout je tiens à honorer sa mémoire :
Berty Albrecht
Le Livre
Ecrit par Mireille Albrecht, sa fille (ma mère) : se lit comme un bon roman, difficile à poser une fois commencé !
Anti-conformiste, féministe, héroïne de la Résistance, Compagnon de la Libération, ma grand-mère était Berty Albrecht (1893-1943) une femme extraordinaire dans tous les sens du terme, avec un caractére exceptionnel et une personnalité rayonnante. Elle à profondément marqué tous ceux qui l’ont côtoyée :
« C’était une belle épée, avec d’inoubliables flammes dans les yeux » Général Pierre de Bénouville
Ce qui est amusant, c’est qu’ils se souvenaient d’elle comme étant physiquement grande, alors qu’en réalité elle mesurait tout juste 1,50m… Et bien sur, ils se souvenaient tous de son regard, profond, intense, dont ma mère (sa fille Mireille) me disait que lorsque son regard croisait le vôtre, vous étiez littéralement transpercé. Ma mère était elle aussi une femme remarquable, trempée du même acier. Et pourtant, ce ne fut pas facile pour elle d’être « la fille de.. » et d’arriver à s’épanouir dans son ombre…
« Arrêtes de t’apitoyer sur ton sort » aurait pu être le titre de ce livre : c'était le leitmotiv de Berty qui a bercé la jeunesse de ma mère… Dur, mais ça forge le caractère ! C’est à travers ses yeux, dès son plus jeune âge et jusqu’à l’âge de 19 ans lorsque Berty est morte, que Mireille nous narre son quotidien avec sa mère, de la maison de Londres avec nurse et domestiques, jusqu’aux pérégrinations de sa vie de résistante qu’elle accompagne activement jusqu’à l’arrestation fatale de Berty. C’est un livre émouvant, souvent drôle, et très divertissant. Pour preuve, mon mari qui « ne trouvait jamais le temps » de lire ce livre (j’avais bien compris qu’il n’avait pas envie de le lire), s’est retrouvé quelques années après au Canada sans rien à lire en français (nous étions au Canada anglophone).
Le seul livre en français accessible qu’il n’avait pas déjà lu était celui-ci. La mort dans l’âme, il se force – il n’avait pas le choix ! Au bout de vingt pages, il me dit : « mais c’est pas mal du tout… », et au bout de cinquante pages, il me dit « mais c’est vachement bien, pourquoi je ne l’ai pas lu avant ! » (je n’ai pas répondu !). Et à la fin du livre – qu’il a lu en quelques jours – il m’assène que « ce livre devrait être un best seller ». Je suis d’accord avec lui, mais pour cela, il faut que cela se sache...alors, faites passer le mot !
Le parcours de Berty
Marseille, infirmière durant la guerre 14-18
Berty est née à Marseille le 15 février 1893, dans une famille de la grande bourgeoisie protestante et d’origine suisse. Je vous passe sous silence le genre d’éducation stricte et pas bien gaie qu’elle a pu avoir… A 21 ans, infirmière de formation, elle est révoltée par les atrocités de la première guerre mondiale, et se consacre corps et âme à soulager les souffrances des blessés. Elle est alors fiancée à Frédéric Albrecht, ce qui n’est pas simple, car il est allemand… mais un allemand profondément opposé à la guerre, et qui finira par renier sa nationalité.
Ils se marient en 1918, et s’installent à Londres où Frédéric est banquier à la City. Ils ont deux enfants, Mireille et Frédéric.
Londres, épouse de banquier, elle trouve sa vie futile
Berty jouit à Londres d’une vie de grande dame : domestiques, nurse pour les enfants, cuisinière, elle dépense allègrement l’argent de son mari qui lui a ouvert des comptes dans les meilleurs établissements, et s’habille chez les meilleurs couturiers… Elle a une automobile, et tient à la conduire elle-même ce qui est considéré comme très « shocking… ». Berty est également Chevalier du Taste-vin, surprenant pour une femme…(mon goût pour les bons vins viendrait-il de là ?...) Mais son tempérament ne se satisfait pas de cette vie agréable, trop superficielle à son goût. Elle a besoin d’être utile, de servir les autres, et se penche alors sur les difficultés des classes ouvrières, et de celles plus particulières des femmes, dont les fameuses « suffragettes ».